Cours Master M1 – Préparer cuisiner interpréter

Le geste même de cuisiner est précurseur d’un mouvement plus complexe qui procède de la pensée : celui d’interpréter la cuisine, la théorie culinaire, mélange culturel entre l’idée ancienne d’un aliment médicament et l’idée plus moderne d’une gastronomie, d’un art identifié. Si l’on mange c’est avant tout parce qu’on a faim, et la faim n’est d’abord qu’une contraction du corps, épigastrique, puis elle devient une émotion, et enfin elle devient construction culturelle. L’aliment lui-même est d’abord une chose vivante. L’on dit chose car aux yeux d’un humain, elle n’est plus sujet lorsqu’elle « sert à », cette chose-aliment utilitaire. Puis, l’aliment se pare de strates culturelles complexes, suivant des contextes historiques, religieux et sociaux. L’interprétation enfin, du geste élaborant la recette jusqu’au résultat qui prend parfois la forme d’un plat, cuit, cru ou bien dont l’image se veut l’écho de ce qui fut nourriture sacrée dans un autre temps – est une façon de voir les choses. Avant ce résultat, les gestes sont ceux de personnes souvent invisibilisées : de celui ou de celle qui creuse la terre, aux personnes qui cueillent, préparent, nettoient, transforment. Les sachant•es ne sont pas toujours celles et ceux qu’on connaît par la théorie et les livres.

Le regard – la perspective – le décentrement ou le pas de côté nous permettent éventuellement de considérer la cuisine comme une réalisation par étape d’un art maitrisé, ou non, qui n’échappe ni au marché mondial, ni à l’économie, ni à l’art, ni aux sciences, ni à la conception politique la plus large.

Dans ce cours destiné au M1 d’une durée de 8h, nous verrons comme se conçoit la « racine », l’objet végétal jusqu’à devenir sujet. Dans ce cadre, l’on peut aborder le sauvage, le domestique, les visions analogiques et « exotisantes », ou bien l’invisible et le visible, enfin le médicinal – poison ou remède -, le jardin (l’utile et l’inutile) et l’assiette (l’alimentaire).

Dans un premier temps, il sera question du lien entre tradition et santé. Dans un deuxième temps, il s’agit d’explorer l’altérité végétale. Comment se sont créés les nouveaux imaginaires végétaux à l’époque moderne ? Et enfin, comment se représente-t-on les racines végétales du Moyen Âge à nos jours : la question contemporaine de la représentation des racines, surtout dans les arts visuels, nous permet d’effectuer un exercice de décentrement collectif : comment penser le végétal dans une approche analogique / et comment le penser dans une autre approche, écocritique cette fois, que celle des correspondances entre macrocosme et microcosme ?

L’exercice met en lien plusieurs disciplines : histoire, histoire de l’art, histoire des sciences et de la médecine, arts visuels, arts plastiques, anthropologie et ethno botanique. Des outils critiques de la recherche sont mis en avant, avec la participation de Luc Menapace, conservateur au département des sciences et techniques de la BnF. Puis, deux types d’exercices sont demandés : l’un amenant les étudiant•es à proposer une réflexion sur l’altérité végétale, le second leur confiant la tache de donner le portrait botanique, historique, culturel et culinaire d’une racine.

Cours – Tassanee Alleau, 2024

Maquette – couverture de la maquette du cours de M1 Alimentation au Centre d’études supérieures de la renaissance 2024
Liste du corps enseignant – Maquette – couverture de la maquette du cours de M1 Alimentation au Centre d’études supérieures de la renaissance 2024
Enseignement – Préparer cuisiner et interpréter – Maquette – couverture de la maquette du cours de M1 Alimentation au Centre d’études supérieures de la renaissance 2024
Slide du support pdf du cours avec une représentation de l’échelle des êtres du XVIe siècle et d’un tableau de Brueghel
Représentant des images d’herbiers anciens du XVIe siècle et du XVe siècle, ainsi que une image de la sorcière Medee, gravure issue d’un traité de démonologie
La pharmacopée en allégorie, féminine des quatre continents, ainsi qu’une peinture représentant la pratique de l’ermitage
Dessin – Roots, Tassanee Alleau, 2019 / diapositive de la communication atelier : De viles racines à panacées, Bordeaux 2023
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